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La Liberté   24 mai 2012


Comment composer avec l'éphémère


MORAT  

Anthony Chrétien, designer er plasticien, pratique la performance en grand format. Véritable rituel dansé sur la toile qu'il emplit de signes et formes au fusain avant de les éffacer et de les redessiner sous la caméra.


Monique DURUSSEL

Anthony Chrétien, qui expose à la galerie Harteveld Art+ à Morat, aime les grands formats. Des toiles de 2m20 x 1m40 qu'il fixe au sol, parceque c'est impossible pour lui de travailler autrement qu'en rentrant et sortant de la toile. Son oeuvre est une performance complexe. Caméra au plafond qui projette sur une paroi les étapes du travail accompagné d'un triturage sonore dont la diffusion l'aide à se concenter sur son dessin. Les sons non musicaux sont enregistrés en ville ou dans la nature.

   "Je dessine instinctivement. La performance, qui dure de 30 minutes à une heure, est pareille à un rituel. Je suis comme sur un fil. Je laisse émerger, puis je gère les traits. J'ai besoin d'une matière friable, le fusain, à laquelle je m'adapte, tout comme le pigment rouge qui intervient sur certaines toiles.Je dessine, j'éfface et je retravaille. Il y a une totale continuité dans ma démarche, un tout composé", explique l'artiste français.


Des premiers jets

   Il emplit ses surfaces de géométries et de rythmes en étant dans le dessin et en sortant au rythme de son travail. Des déplacements et des mouvements qui renvoient à la danse tribale au ras du sol. Et toujours des performances et des premiers jets. Le philosophe Raffaele Scolari explique que "Chrétien est un peintre radical qui désarticule son art, qui se sert de la vidéo et de la projection comme autant de moyens pour disloquer l'oeuvre, pour produire des écarts et des niveaux différents".



   Né à Paris en 1970, Anthony Chrétien vit et travaille actuellement à Locarno. Il pratique ses performances dans différents pays, dont l'Italie. Il fixe ces dessins, les découpe et les retravaille en morceaux. Les images de la caméra deviennent des séquences photographiques qui, elles aussi, font partie du procéssus créatif. L'oeuvre passe du plan de la toile à l'enregistrement digital. C'est tout ce qu'on peut découvrir à Morat.


Fasciné par le processus

   Raffaele Scolari a découvert le travail d'Anthony Chrétien par hasard lors de l'une de ses performances. "Sa démrche m'a donné envie d'écrire et de faire une réflection qui, au fil de mes observations,

devient un livre, 'Philosophie d'une performance', publié ce mois aux édition Mimesis. J'ai été fasciné par la progression de l'oeuvre, la simulation d'effacement et la projection vidéo et le son qui sont l'oeuvre complète. J'y vois les mêmes structures que dans l'éspace où l'on vit. Dans la réalité contemporaine, on doit tout recomposer en raisons des rythmes tous différents de notre quotidien. Je rejoins, dans mon analyse, la vision du philosophe français Merleau-Ponty pour qui l'acte de vision est un acte de recomposition. C'est ce que nous faisons tous sans le savoir. L'oeuvre de Chrétien ne joue pas sur les pleins et les vides, mais sur la matière friable, peu durable", explique Raffaele Scolari. Un peu pour nous rappeler la précarité de l'être et de la vie.


Un événement!

   Si l'ensemble de l'oeuvre de Chrétien est composé de différentes étapes de sa création, si la démarche de mise en situation se répète et que les matériaux sont toujours les mêmes, on ne peut cependant réduire le travail de l'artiste à une répétition, une variation des oeuvres précédentes. Chaque performance est un événement nouveau. "Chercher une évolution ou un affinage de l'acte artistique dans la variété des installations d'un artiste a peu de sens", dit Scolari.



 

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